Tous un peu Sisyphe nous parcouront indéfiniment cette surface unique.
Élégant volume flottant dans l’espace, ce ruban, à l’échelle humaine, devient un chemin piétonnier sans fin.
Comme le symbole de l’infini que l’on retrouve sur certains papiers chiffons destinés à la gravure, le ruban de Moebius est une curiosité mathématique qui fait d’un volume une surface unique.
Il est facile de visualiser la bande de Moebius dans l’espace : un modèle simple se réalise en faisant subir une torsion d’un demitour à une bande de papier, puis en collant les deux extrémités.
Si l’on coupe le ruban en deux dans le sens de la longueur, on obtient un anneau unique, vrillé, mais qui possède deux faces distinctes et deux bords distincts.
En le recoupant dans le sens de la longueur, on obtient deux anneaux distincts, vrillés et entortillés l’un dans l’autre.
Le ruban de Moebius est une surface qui peut être caractérisée par le fait qu’elle possède une seule face.
Le ruban de Moebius alimente également, grâce à sa particularité, des débats en philosophie.
Dezeuze reste fidèle à la gravure, cette technique exigeante, tremplin sûr de l’intiution de ce jeune démiurge audacieux et serein du 8ème Jour de la Genèse, géniteur d’un chaos d’où il fait naître ses mondes à venir : des planètes oniriques, des nuits en mouvement perlées d’étoiles blanches. Il pétrit de transparence, des modulations de l’ombre et de la lumière, dans des palettes sobres de gris, de bruns, jusqu’à l’affrontement du noir absolu à l’éblouissement immaculé du blanc, les délimite avec finesse, se laisse aller à l’élégance des longs ovales, joue avec le mystère du cercle, résout à sa manière le problème de l’anneau de Moebius, dresse parallèlement la Tour de Babel et le doux arc de vertèbres du Pneuma.
Ordonnateur d’un monde aléatoire, Dezeuze, en notre temps de bruit et de fureur, est le poète visionnaire penché sur l’abîme insondable du devenir et la solitude des espaces infinis.